L’ouverture du cœur dans le yoga
L’ouverture du cœur dans le yoga :
L'ouverture du coeur dans le yoga est essentielle car c'est dans le coeur que commence à s'établir la conscience. Dans les textes des Upanishad servant de base à la philosophie du yoga, le premier souffle vient s'établir dans le coeur et le dernier souffle part du coeur.
Cette ouverture du coeur peut se préparer avec une pratique de yoga sur mesure.
Il existe des pratiques de yoga orientées vers ce travail d’ouverture basé sur des postures, des respirations, des drishti (1), des mudra
(2).
Avec l’accompagnement d’un professionnel compétent, la pratique des mouvements placés dans le souffle vient toucher les couches profondes de l’être, et dénouer les tensions du cœur, libérer l’âme (le Soi-Atman). Ainsi le yogi initie sans le savoir un travail de réflexion par la méditation (dhyana) et d’introspection (svadhyaya) en posture, directement inspiré de la tradition du kriya yoga de Patanjali dans laquelle on associe des mouvements synchronisés au souffle à des drishti (1) et des bhavana (3).
Lorsque l’égo prend trop de place, les conditionnements, les identifications, les préjugés se développent et viennent bloquer les émotions dans la région du cœur, et les figer au niveau du corps physique, au milieu de la poitrine, sous forme de blocages énergétiques qui se manifestent par une sensation de resserrement dans l’espace du cœur. C’est ce qui engendre la souffrance psychologique, la douleur physique, dukham, en sanskrit, mot à mot, dus : mauvais, kham : espace, dans le sens de resserrement de l’espace du cœur. Qui apparaît dans l’attitude corporelle, voûté, lasse, avachie, le visage défait et le discours défaitiste et résigné.
Dans les textes tantriques des upanishad, on appelle ce lieu, Vishnu Granthi, le nœud de Vishnu, qui vient bloquer la remontée de la kundalini (4) dans l’axe énergétique de la sushumna (5)
Lorsque l’énergie, le prana : le souffle vital ne passe plus, naissent des souffrances psychologiques et des douleurs physiques qui s’inscrivent dans le temps, créant au fur et à mesure de nouveaux samskara (6) qui vont engendrer des cycles de schémas répétitifs d’action, d’émotion et de souffrance.
Par la pratique du yoga on peut maîtriser ce flux de prana et le remettre en circulation pour alimenter l’espace du cœur et toute la région de la poitrine, du haut du dos et de la cage thoracique. Cet élargissement de l’espace est désigné en sanskrit par le mot Sukham, espace élargie du cœur, composé de su : bon, et kham : espace, dans le sens d’espace heureux, aisé, facile, d’état heureux de l’être.
Les personnes que j’accompagne viennent vers moi en se plaignant de souffrir d’une émotion négative très forte qui envahit continuellement leur esprit, qui peut être de la tristesse allant parfois jusqu’à l’abattement, la déprime ou parfois des angoisses, des peurs, des frustrations et même parfois oscillant avec de la colère, se plaignent à chaque fois de douleurs dans l’espace du cœur, s’une sensation de resserrement au milieu de la poitrine.
Après quelques séances de yoga, elles sentent cet espace se libérer, l’ouverture physique de la poitrine, de la cage thoracique, induit alors une ouverture du cœur et développe un sentiment de bienveillance, voire de compassion, qui s’apparente à de l’amour inconditionnel. Une bienveillance qui est complétement gratuite, qui ne demande rien en retour et qui n’est liée à aucun attachement et que l’on pourrait traduire par joie, félicité, béatitude (ananda), comme pâle reflet de la lumière intérieure de la conscience (purusha-atman) qui vient répandre autour de lui son aura bienveillante.
Beaucoup d’élèves m’ont rapporté avoir eu cette expérience de ressenti après une séance de yoga. La pratique du yoga propose d’installer ces états éphémères de bienveillance (ahimsa) de plus en plus souvent pour pouvoir briser les cercles infernaux sources de souffrance et les remplacer par des cercles vertueux émis par des samskara-(s) positifs tracés au fil du temps par une pratique de yoga génératrice d’états heureux, de félicité, de bonheur et de joie (ananda).
- Drishti : point de concentration.
- Mudra : geste qui scelle l’énergie dans les corps subtil et physique.
- Une visualisation servant d’objectif de séance.
- L’énergie pranique (du prana, du souffle vital), représenté ici par un servent lové, dans le chakra racine muladhara près du coccyx.
- Sushumna : principal nadi, rivière ou canal énergétique du corps subtil humain qui longe la colonne vertébrale.
- Samskara : des empreintes karmiques.